Comment Jordan Bardella tente d’exploiter le thème de l’intelligence artificielle


Jordan Bardella à Beaucaire, le 16 septembre 2023.

Ce 19 juin, dans une salle de réception parisienne surchauffée, devant un auditoire de députés européens, d’essayistes et d’entrepreneurs, un responsable politique fait l’éloge de l’intelligence artificielle (IA), balaye « les prophéties les plus sombres » et, condamnant l’excès de régulation, dit l’urgence d’une politique publique européenne en la matière. Jordan Bardella a jeté son dévolu sur l’intelligence artificielle. Depuis un an, le président du Rassemblement national (RN) martèle l’importance d’une thématique qui provoque, comme il le dit, « l’autre “grand remplacement” », en référence à cette théorie raciste et xénophobe qui rejette le métissage de la population. Surprise : à rebours des courants conservateurs de l’extrême droite, lui adopte sur l’IA des accents technophiles.

A la Maison de la chimie, M. Bardella conclut un colloque organisé par la Fondation identité et démocratie (ID), associée au groupe dominé par le RN au Parlement européen. L’homme qui l’inspire, l’entrepreneur et « futurologue » Laurent Alexandre, militant du transhumanisme (qui vise à améliorer l’homme par la technologie), ouvre la soirée sur un ton provocateur. On trouve aussi l’une des voix de la « tech » française, Thomas Fauré, fondateur de la « plate-forme collaborative souveraine » Whaller. Le reste des intervenants pioche dans le répertoire conservateur européen, méfiant vis-à-vis des conséquences éthiques de l’accélération de l’IA.

« La génération geek numérique »

Pour le patron du RN, l’IA représente à la fois un intérêt sincère et un filon politique, qui parle davantage aux classes supérieures qu’aux anciens bastions ouvriers. A ses interlocuteurs, Jordan Bardella glisse s’être passionné pour Homo deus. Une brève histoire du futur (Albin Michel, 2017), le best-seller de l’historien israélien Yuval Noah Harari, qui prédit deux évolutions possibles pour l’humanité : celle d’un homme « augmenté » par la technologie ou celle d’une prise de pouvoir par les algorithmes spécialisés en IA.

« A 27 ans, Jordan est de la génération geek numérique. Peu de politiques s’intéressent à l’IA et au futur comme lui », flatte Laurent Alexandre. Depuis 2019, cet urologue de formation entretient avec Jordan Bardella une relation amicale. L’essayiste, qui se disait « macroniste » avant de se rapprocher de l’extrême droite, tout en assurant ne pas être « politiquement aligné » sur le RN, multiplie les positions sulfureuses et préconise de « renvoyer les clandestins en Afrique par la force militaire ». Les deux hommes déjeunent ensemble régulièrement.

Il vous reste 58.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.